La présence des tout jeunes enfants dans la rue se manifeste parfois comme des gestes d’évasion et d’exploration arrachés à la surveillance parentale. A y regarder de près, la manifestation inspirée de ces « gestes d’échappement » semble dévoiler une dimension essentielle de la relation sensible au milieu urbain que l’architecte ne devrait en rien perdre de vue. L’enfant peut faire exister la ville autrement et en révéler une texture particulière que l’adulte tend à ne plus savoir lire. Mais cette ouverture au champ phénoménal de l’enfant, qui aide au travail imaginaire de l’architecte, subit une tension de sens opposé venant d’un ensemble de directives et de prescriptions techniques normatives liées au développement d’une politique de certification de la qualité particulièrement active dans le domaine de l’enfance et du design urbain. En voulant garantir l’utilisation raisonnable et informée de la ville, cette politique évacue bon nombre de possibilités d’irruption du jeu dans l’espace public, grâce auxquelles l’enfant apprend à vivre avec d’autres, potentialise des capacités remarquables et trouve parfois un incomparable lieu d’enchantement.
CITATION STYLE
Breviglieri, M. (2015). L’enfant des villes. Considérations sur la place du jeu et la créativité de l’architecte face à l’émergence de la ville garantie. Ambiances. https://doi.org/10.4000/ambiances.509
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