La théorie financière classique repose sur l’hypothèse d’objectivité des valeurs financières : chaque titre a à tout moment une « vraie » valeur, ou « valeur fondamentale », qui correspond à l’anticipation des revenus que rapportera l’actif. Le marché est dans cette vision le lieu de la formation de prix correspondant à cette « vraie » valeur. L’approche hétérodoxe de la finance conventionnaliste rejette cette vision en poussant à ses conclusions logiques l’idée qu’on ne peut avoir raison contre le marché : l’essentiel n’est pas d’anticiper ce que vaut « réellement » un titre, mais ce que les autres pensent qu’il vaut. Keynes utilisait à propos des marchés financiers la métaphore du « concours de beauté » ; ici ils deviennent des « machines cognitives complexes qui […] ont pour finalité de produire une estimation de référence, collectivement admise, ce qu’on appellera une convention ». Convention qui peut être proche de la « valeur fondamentale », ou entièrement différente.
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Orléan, A. (2008). La notion de valeur fondamentale est-elle indispensable à la théorie financière ? Regards Croisés Sur l’économie, n° 3(1), 120–128. https://doi.org/10.3917/rce.003.0120
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