Traduit de l'anglais par Eric Maigret, et Daniel Dayan Le statut du spectateur se voit régulièrement revalorisé au fur et à mesure que se développe la recherche en communication. Au départ, les deux principales écoles de recherche-l'école dite dominante, et l'école critique-offrent le portrait d'un spectateur passif, vulnérable aux sollicitations du commerce et de l'idéologie. Peu à peu, le spectateur-mais aussi le lecteur et l'auditeur-se sont vus accorder davantage de pouvoir. Avec l'essor des études de gratification, le spectateur devient moins isolé, plus sélectif et plus actif : il est désormais capable de procéder à des choix en fonction des satisfactions recherchées 1. Les néo-marxistes, quant à eux, ont récemment admis que l'on peut résister aux médias-autrement dit, que leur influence peut être filtrée-qu'il ne s'agit pas seulement d'une soumission passive aux effets de l'hégémonie. Le concept de décodage conscient se substitue alors à la notion d'une utilisation instrumentale, implicite dans la théorie des gratifications 2. Il semble que la théorie littéraire récente ait suivi la même voie et qu'elle ait abandonné l'idée selon laquelle les lecteurs seraient uniformément façonnés par le texte, préférant les considérer comme des membres de comunautés interprétatives engagées dans une « négociation » active avec le texte, d'un point de vue à la fois esthétique et idéologique (Fisch, 1980 ; Radway, 1984). Bien que le lecteur tel que le voient les gratificationnistes semble investi d'un pouvoir immense puisqu'il est libre de modeler le texte à sa guise-une liberté qui va jusquà abolir le texte-il n'en demeure pas moins déterminé par ses besoins, besoins qui eux-mêmes (d'après les tenants de l'école critique) peuvent très bien être déterminés par les médias (Elliott, 1974).
CITATION STYLE
Liebes, T., Katz, E., Maigret, É., & Dayan, D. (1993). Six interprétations de la série « Dallas ». Hermès, n° 11-12(1), 125. https://doi.org/10.4267/2042/15376
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