Le mammouth gravé sur ivoire de La Madeleine (Tursac, Dordogne) appartient sans conteste à notre mémoire scientifique collective. Depuis 1865, il n’est quasiment pas un ouvrage de vulgarisation ou un traité de préhistoire qui ne mentionne son existence, qui n’en montre une image ou qui ne précise les conditions et l’importance de sa découverte. L’antiquité de l’Homme et sa coexistence préhistorique ou « antédiluvienne » avec des animaux aujourd’hui disparus trouvent en partie leur affirmation et s’enracinent même dans cette plaque d’ivoire découverte si fortuitement un jour de mai 1864. L’objet est rare, il est exceptionnel même et pourtant, quel paradoxe, il est si mal connu. Les images abondent, souvent de piètre qualité et les commentaires les plus fantasques inondent les livres. Aucune monographie ne lui avait été consacrée jusqu’à aujourd’hui. Nous proposons de l’étudier en le réinsérant dans le cours de l’Histoire et de mesurer son rôle dans l’agitation intellectuelle du XIXème siècle. Nous montrerons ce que doit la Préhistoire à cette squame d’ivoire et nous en décrirons l’influence sur les esprits, tant positive que négative. Nous achèverons enfin notre propos par une analyse détaillée de l’objet et de sa représentation en les replaçant dans le contexte paléolithique régional de l’art pariétal et de l’art mobilier.
CITATION STYLE
Paillet, P. (2011). Le mammouth de la Madeleine (Tursac, Dordogne). Paléo, (22), 223–270. https://doi.org/10.4000/paleo.2143
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