Le but de cet article est de ré-examiner le jugement de Robert Merton (1948) – jugement aujourd’hui réactualisé par un certain nombre de chercheurs de premier plan en sciences sociales – selon lequel l’élaboration d’une théorie géné- rale en sociologie est un projet peu pertinent. On juge en effet souvent plus perti- nent, dans ce qu’on pourrait appeler aujourd’hui la littérature néo-mertonienne, de s’engager plus que jamais dans la recherche de théories de «moyenne» portée ou de portée «intermédiaire» (middle-range theories), dont le niveau d’abstraction est par définition moins élevé et la portée en conséquence moins étendue (Hedström et Swedberg, 1998)1 . On donne toutefois aujourd’hui à la recherche de ces théories, qu’il faudrait probablement plutôt appeler des «modèles» pour s’ac- corder aux usages épistémologiques actuellement dominants, une tournure qui creuse beaucoup plus profondément les sentiers mertoniens en traversant, de W. Dray (1957) à Nancy Cartwright (1983) et de Raymond Boudon (1984) à Jon Elster (1998,1999), les diverses strates de la critique du modèle nomologico- déductif de l’explication scientifique de Carl Hempel (1942), critiques auxquelles, par nécessité purement chronologique, Merton ne pouvait à cette époque être qu’étranger
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Bouvier, A. (2008). La théorie sociologique générale comme système hiérarchisé de modèles de portée intermédiaire. Revue Européenne Des Sciences Sociales, (XLVI–140), 87–106. https://doi.org/10.4000/ress.171
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