Points de vue de professionnels intervenant auprès des conjoints ayant des comportements violents au sujet de la concomitance de violence conjugale et de troubles mentaux

Abstract

La concomitance de violence conjugale et de troubles mentaux chez les conjoints violents est un sujet controversé, tant au plan conceptuel qu’au plan clinique. De nombreuses études ont objectivé la présence de troubles mentaux dans la population des conjoints violents, sans toutefois s’intéresser aux points de vue des professionnels qui accompagnent ces hommes dans un processus de changement. Cet article présente les résultats d’une recherche qualitative qui visait à explorer les points de vue de professionnels spécialisés dans l’intervention auprès de conjoints violents quant à la concomitance de violence conjugale et de troubles mentaux chez leur clientèle. Onze professionnels ont été rencontrés au cours d’une entrevue de recherche semi-dirigée. Les participants estiment que les conjoints violents souffrant de troubles mentaux (CVTM) se distinguent de l’ensemble des conjoints violents par un degré élevé de désorganisation, et conçoivent les troubles mentaux comme un facteur augmentant le risque d’exercer de la violence conjugale. Leurs points de vue sont observables à travers leurs énoncés verbaux et les conduites professionnelles qu’ils adoptent auprès des CVTM, soit l’évitement, la distanciation et l’intégration. Le discours des participants reflète les paradoxes associés à la catégorisation des CVTM et à l’intervention auprès de cette clientèle.The concomitance of domestic violence and mental disorders is a controversial issue, from both a conceptual and clinical perspective. Many studies have documented the prevalence of mental illnesses in the population of male batterers, but few of them have taken into consideration the viewpoints of professionals working with batterers. This article presents the results of a qualitative study which aimed to explore the viewpoints of 11 professionals specialized in the treatment of male batterers, about the co-occurrence of domestic violence and mental disorders in their clients. Participants were questioned about their professional experiences with mentally disordered male batterers (MDMB) in a semi-structured interview. The participants believe that MDMB differ from other batterers because of their instability, and consider mental disorders as a significant risk factor in domestic violence. Participants’ viewpoints were observed through their verbal declarations and through their response to MDMB (avoidance, distanciation or integration). The participants’ declarations reflect the presence of paradoxes in the categorization and intervention with MDMB.