Le concept psychiatrique d'athymhormie (perte de l'élan vital et de l'affectivité) a été créé au début du 20e siècle en France, où son usage était resté confiné jusqu'à ce qu'il soit heureusement repris par des neurologues, essentiellement francophones. Pour ses auteurs, M Dide et P Guiraud, il désignait une entité autonome, héritière de la « démence précoce » dont ils n'acceptaient pas le remplacement par une « schizophrénie » aux limites floues. Par la suite, ce terme désignera pour eux et, jusqu'à nos jours pour la majorité des psychiatres français, le noyau fondamental des formes déficitaires de psychoses. Le terme d'athymhormie (ou perte d'auto-activation psychique) est actuellement aussi utilisé en neurologie pour désigner les conséquences comportementales et affectives de lésions acquises des noyaux gris et plus généralement d'un circuit assimilé à la « boucle limbique». Toutefois, la question se pose de la réalité phénoménologique des troubles correspondants et de l'intérêt d'une même appellation. Au terme de cette revue, il est conclu que même si les tableaux dans lesquels l'athymhormie s'insère en clinique psychiatrique et neurologique sont bien différents, le choix d'un même terme se défend dans le cadre d'une approche neuropsychiatrique renouvelée et symptomatique. L'objectif d'une telle approche est de rechercher en quoi certains symptômes, communs ou similaires, pourraient représenter le déficit d'une fonction physiologique que l'on suppose ici être celle de la motivation.
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Luauté, J.-P., & Saladini, O. (2001). Le concept français d’athymhormie de 1922 à nos jours. The Canadian Journal of Psychiatry, 46(7), 639–644. https://doi.org/10.1177/070674370104600709
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