La mémoire à court terme et la mémoire à long terme sont des concepts largement utilisés en neuropsychologie avec des définitions précises. L’histoire récente de ces concepts et des modèles qui les utilisent (modèle de la mémoire de travail de Baddeley, conceptions multisystèmes) est relativement bien connue. En revanche, leur fondement a rarement été relaté explicitement. Nous nous proposons ici de nous pencher sur les origines philosophiques du phénomène de mémoire à court terme, non alors utilisé sous ce nom. En philosophie, Edmund Husserl (1859-1938) a, en effet, fait une distinction entre ce qu’il appelait « mémoire par rétention » (mémoire à court terme) et « mémoire des ressouvenirs » (mémoire à long terme) grâce à une méthode spéci- fique dont il est le fondateur : la phénoménologie. La phénoménologie décèle l’essence de chaque chose en tant qu’objet de conscience, et Husserl s’intéresse alors à l’essence précise de la mémoire et analyse nos représentations en elles-mêmes. Le fait d’étudier le rapport de la conscience avec ce qu’elle détient permet de bien comprendre ce regard possible de la conscience sur elle-même et, par conséquent, de la mémoire elle-même. Husserl dresse une vision élaborée de la mémoire et révèle l’importance de son caractère linéaire, permettant l’identité du sujet. Husserl découvre une mémoire en nous constitutive, qui ressemble forte- ment à la mémoire que nous qualifions aujourd’hui de « mémoire de travail ». Dans cet article, nous effectuons une exégèse de l’évolution du concept de rétention dans l’œuvre de Husserl, et nous le rapprochons des théories actuelles de la mémoire, notamment la conception récente de Baddeley, intégrant le concept de buffer épisodique.
CITATION STYLE
Eustache, M.-L. (2009). Le concept de rétention chez E. Husserl : une mémoire constitutive aux sources de la mémoire de travail. Revue de Neuropsychologie, 1(4), 321. https://doi.org/10.3917/rne.014.0321
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