À travers les siècles certaines langues ont fonctionné comme des langues savantes, c’est-à-dire des langues enseignées dans les écoles pour leur valeur culturelle intrinsèque, mais sans pour autant constituer une langue de communication. Dans le monde islamique, l’arabe a longtemps servi comme langue savante, dont l’acquisition se faisait sous la forme de mémorisation de textes joints à leur traduction dans la langue vernaculaire, qui servait comme langue d’instruction dans les écoles. Dans le présent article, nous prenons comme point de départ la position de l’arabe en Asie du Sud-Est, où le malais, tout en fonctionnant comme langue d’instruction dans les écoles, fut choisi par l’administration coloniale comme langue intermédiaire dans sa communication avec la population indigène. Par conséquent, ce furent les Anglais et les Néerlandais qui publièrent les premières grammaires de cette langue vernaculaire, composées dans le cadre de la linguistique européenne. Les premières descriptions du malais fondées sur un modèle linguistique arabe n’apparurent qu’à la fin du xixe siècle. Le représentant principal de cette tradition linguistique est Raja Ali Haji (m. probablement en 1873). Dans son traité Bustān al-kātibīn, il emprunta le modèle de la tradition grammaticale arabe afin de composer une esquisse de la structure du malais, dans laquelle il se servait en partie de la terminologie grammaticale malaise qui avait été développée dans le système scolaire traditionnel pour l’étude de la grammaire arabe et l’exégèse coranique.
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Versteegh, K. (2020). Extended grammar: Malay and the Arabic tradition. Histoire Épistémologie Langage, (42–1), 13–31. https://doi.org/10.4000/hel.462
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