Le conflit armé qui a éclaté en Côte d’Ivoire le 19 septembre 2002 a conduit à la partition du pays entre le Nord et le Sud. La rébellion des Forces Nouvelles qui contrôle la moitié nord du pays a justifié son action par la dénonciation de l’exclusion et des injustices sociales dont les« nordistes » seraient les victimes. Cette rébellion a été rejointe par de nombreux jeunes originaires du Nord. Cette étude basée sur les études de cas et biographies de 22 jeunes combattants de la rébellion et des entretiens avec leurs leaders montre les raisons justifiant leur engagement. Elle questionne leurs perceptions du conflit et analyse les rhétoriques de la justification. Il ressort que dans l’ensemble des cas, l’engagement a pour but la reconnaissance de leur citoyenneté qui passe par l’acquisition de canes d’identités. Le sentiment victimaire né de l’exercice de la violence légale par les forces de l’ordre, la vengeance, le besoin de sécurité ou encore l’attrait pour le métier des armes nourrissent les motivations qui conduisent à l’enrôlement des jeunes. L’étude montre aussi l’existence d’un environnement s’appuyant sur la parenté, un discours culturel et la mobilisation de la mémoire ancestrale collective qui ont favorisé l’adhésion des jeunes nordistes au mouvement rebelle. Au-delà des expériences individuelles, l’étude découvre, non une armée ethnique mais plus une organisation à base identitaire engagée dans la renégociation violente de son appartenance nationale.
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Fofana, M. (2021). Les jeunes dans la rébellion du nord de la Côte d’Ivoire : les raisons de la mobilisation. Afrika Focus, 24(1), 51–70. https://doi.org/10.1163/2031356x-02401006
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