Pour de nombreux auteurs, les transformations du capitalisme ont eu pour effet de provoquer de nombreuses souffrances (stress, stigmatisation, désaffiliation, etc.) qui ne sont pas reconnues dans leur dimension sociale. Pour Emmanuel Renault, dans un tel contexte, le critique théorique en analysant ces nouvelles souffrances peut s’en faire le “porte-parole” et redonner une voix aux êtres souffrants. Dans cet article, l’auteur se propose de problématiser cette forme d’intervention critique en prenant appui sur les réflexions de Paul Ricœur sur la question de la dépossession des acteurs de leur pouvoir de se raconter. Si une intervention comme celle de Renault prend tout son sens par rapport aux phénomènes d’idéologisation de l’identité narrative, elle reste insatisfaisante face aux résistances “internes” à la mise en intrigue de soi. Les analyses de Ricœur sur l’expérience analytique nous apprennent que ces résistances ne peuvent être levées par leur seule compréhension intellectuelle et que la restructuration narrative de la personnalité doit parfois prendre la forme d’un véritable travail.
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Loute, A. (2012). Identité narrative collective et critique sociale. Études Ricoeuriennes / Ricoeur Studies, 3(1), 53–66. https://doi.org/10.5195/errs.2012.119
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