La forêt et la faune de Côte d’Ivoire dans une situation alarmante – Synthèse des résultats de l’Inventaire forestier et faunique national

  • CUNY P
  • PLANCHERON F
  • BIO A
  • et al.
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La Côte d’Ivoire a engagé début 2019 un inventaire national de ses forêts et de sa faune, accompagné par des enquêtes socio-économiques auprès des agriculteurs. Cet inventaire, déployé sur l’ensemble du territoire, fournit une grande quantité d’informations. Il montre que l’état des forêts et de la faune est fortement dégradé et que les cultures industrielles (cacaoyer, hévéa, palmier à huile dans le sud, anacardier et coton dans le centre et le nord) sont devenues dominantes. La superficie de la forêt en Côte d’Ivoire est estimée en 2020 à 2,97 millions d’hectares, soit 9,2 % de la surface totale du territoire, dont 2,88 millions d’hectares de forêt (dite) naturelle et un peu plus de 92 000 ha de reboisement. Le taux de déforestation moyen annuel depuis 1986 est de 2,8 % (superficie de la forêt en 1986 de 7,85 millions d’hectares). La superficie de la forêt dans les forêts étatiques, dites forêts classées, n’est plus que de 13,3 % alors que la création des forêts classées dans les années 1970 avait pour objectif la préservation et la gestion durable des forêts. La raréfaction, voire la disparition, des essences commerciales ne permet plus de mettre en œuvre une exploitation forestière respectant les critères de gestion durable. Les aires protégées (parcs nationaux, réserves) ne contiennent plus que 32,2 % de forêt. En outre, des transects d’observation de la faune déployés sur tout le territoire ont permis de montrer que la faune commune (aulacode, guib harnaché, lièvre, etc.) est encore bien présente. En revanche, les grands mammifères (antilopes, éléphants, singes) sont cantonnés dans quelques aires protégées et forêts classées avec des tailles de population souvent critiques. Enfin, l’analyse socio-économique montre que les forêts classées sont occupées par une population humaine composée à 50 % d’allogènes, à 28 % d’autochtones et à 22 % d’allochtones : le cacao occupe la plus grande partie des cultures installées majoritairement par les allogènes. Dans le domaine rural, ce sont surtout les autochtones (76 %) qui s’investissent dans l’agriculture (principalement l’anacarde), suivis des allogènes (13 %) et des allochtones (11 %). L’état des écosystèmes forestiers et de leur faune est alarmant, mais des mesures fortes prises rapidement pourraient permettre d’améliorer cette situation au moins dans les secteurs les mieux préservés. La poursuite de campagnes d’inventaire régulières sera un outil essentiel pour mesurer l’impact de ces décisions.

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CUNY, P., PLANCHERON, F., BIO, A., KOUAKOU, E., & MORNEAU, F. (2023). La forêt et la faune de Côte d’Ivoire dans une situation alarmante – Synthèse des résultats de l’Inventaire forestier et faunique national. BOIS & FORETS DES TROPIQUES, 355, 47–72. https://doi.org/10.19182/bft2023.355.a36939

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