Résumé La notion de « mélancolie postcoloniale » permet de caractériser le traitement que les instances littéraires françaises (maisons d’édition, presse, prix littéraires, réception critique) réservèrent à un ouvrage portant sur la période coloniale, comme le montre l’étude sociologique des conditions de production et de réception du roman Monnè, outrages et défis , de l’auteur ivoirien Ahmadou Kourouma. Alors que l’écrivain voulait, avec ce livre, dénoncer le colonialisme, il a souffert de sa réception immédiate et a modifié par la suite l’orientation de son écriture, en se tournant vers des sujets plus actuels. Prêter attention à l’espace des possibles de la représentation littéraire de la colonisation par des romanciers originaires d’Afrique subsaharienne francophone, des années 1950 jusqu’en 1990, permet de mettre en évidence des effets de champs ayant agi sur le projet originel de Kourouma. La dépendance de la littérature africaine de langue française publiée en France vis-à-vis d’un champ littéraire français où la conception de la littérature engagée a fait son temps, a ainsi été intériorisée et transmuée par l’écrivain, à travers l’élaboration d’une forme littéraire originale.
CITATION STYLE
Ducournau, C. (2011). Mélancolie postcoloniale ? Actes de La Recherche En Sciences Sociales, n° 185(5), 82–95. https://doi.org/10.3917/arss.185.0082
Mendeley helps you to discover research relevant for your work.