Dès ses origines, peut-être plus encore que par les bifaces, l’Acheuléen africain est caractérisé par le débitage d’éclats de grands modules, pouvant atteindre plusieurs kilos et plusieurs dizaines de centimètres. Ces éclats ont été mis à profit pour la réalisation de différents outils, dont des bifaces et des hachereaux, mais ils ont également pu être exploités comme nucléus. La fréquence des grands éclats caractérise également l’Acheuléen dans la plupart des régions où il est connu, à de notables exceptions près telles que l’Europe nord-occidentale.Un intérêt inégal a été porté à la question des techniques employées pour produire de grands éclats : éludée par certains auteurs, évacuée sommairement par d’autres, elle a aussi passionné des préhistoriens tels que H. Breuil, qui a proposé des hypothèses peu réalistes faisant intervenir des systèmes complexes de trépieds et de balanciers.L’hypothèse la plus courante fait intervenir la percussion directe d’un nucléus sur un percuteur dormant immobilisé au sol. Un angle d’éclatement très ouvert (jusqu’à 170 °) et des cônes de percussion multiples sont traditionnellement considérés comme caractéristiques de cette technique, parfois qualifiée improprement de « débitage sur enclume », de « débitage bloc contre bloc » ou de « technique clactonienne ».Des données expérimentales et des exemples archéologiques fournis par différents sites acheuléens incitent à relativiser l’importance de cette technique et conduisent à proposer des techniques alternatives moins spectaculaires mais qui rendent plus fidèlement compte des caractéristiques des grands éclats de l’Acheuléen et des nucléus dont ils sont issus.
CITATION STYLE
Mourre, V., & Colonge, D. (2010). La question du débitage de grands éclats à l’Acheuléen. Paléo, (Numéro spécial), 35–48. https://doi.org/10.4000/paleo.1920
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