Éric Chauvier se démarque radicalement des canons académiques de l'anthropologie. A l'opposé de la fabrication d'un monde-objet déconnecté des aspérités du réel, s'appuyant sur Wittgenstein et Merleau-Ponty, il recentre dans cet essai vivifiant l'ambition anthropologique autour de l'écoute et de la transmission de l'ordinaire éprouvé sur le terrain. En orientant le regard vers les ruptures de familiarité qui surgissent lors des rencontres avec des interlocuteurs débarrassés de leur masque d'" informateurs " ; en concentrant toute l'attention sur les jeux de langage à l'oeuvre dans ces moments spécifiques ; en revendiquant un " appariement des consciences " entre narrateur et lecteurs par l'écriture même de l'enquête, il pose les attendus épistémologiques et immédiatement politiques de la pratique anthropologique. Avec ce livre, conçu comme un arrière-plan théorique de toute sa démarche narrative - et, plus largement, des sciences humaines -, il établit la nécessité de resituer l'anthropologie au coeur de l'espace public.
CITATION STYLE
Di Filippo, L. (2011). Éric Chauvier, Anthropologie de l’ordinaire. Une conversion du regard. Questions de Communication, (20), 399–401. https://doi.org/10.4000/questionsdecommunication.2190
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