L’éco-tourisme, en pleine expansion au Chiapas, se développe actuellement dans les villages mayas lacandons, en particulier autour de la Réserve de Biosphère de Montes Azules. À Lacanjá Chansayab, de multiples projets ou structures à l’abandon semblent témoigner d’une contradiction entre le modèle communautaire véhiculé par l’éco-tourisme et les mécanismes de spatialisation, les régimes de propriété et les représentations environnementales indigènes. Si le paradigme de la conservation bio-culturelle prévaut dans les mesures environnementales appliquées dans la région, les essentialismes (de la forêt tropicale, du groupe lacandon), bien en place, génèrent des paradoxes dans les politiques territoriales. L’éco-tourisme s’attache également au renforcement du pouvoir communautaire et de l’identité culturelle à Lacanjá Chansayab. Or, ignorant l’injonction tacite de gestion communautaire, que révèlent les projets mis en œuvre localement, les Lacandons négocient le développement de leurs villages en perpétuant les caractéristiques socio-spatiales qui leur sont propres. Cette contribution se propose d’éclairer le phénomène de développement de l’éco-tourisme à partir d’enquêtes menées à Lacanjá Chansayab portant sur les modes de spatialisation et les représentations environnementales depuis 2007., As ecotourism is rapidly expanding in Chiapas, various projects are currently being developed in the Lacandon Maya villages, especially those located in the vicinity of the Montes Azules Biosphere Reserve. In Lacanjá Chansayab, many abandoned projects and constructions tend to illustrate a contradiction between the community-based ecotourism pattern and the indigenous environmental representations and mechanisms of spatialization and ownership. Whereas the biocultural conservation paradigm seems to predominate over other tendencies, in this particular region, the widespread essentialisms (of the rainforest as well as of the Lacandon group itself) are generating a paradoxical territorial policies applied locally. Ecotourism is also aimed at enhancing community participation, community building and strengthening cultural identity in Lacanjá Chansayab. Thus, the Lacandons seem to make little case of the tacit injunction of community management, required for the implementation of ecotourism projects ; and negotiate the development of their villages by perpetuating the socio-spatial characteristics of the group. In this contribution, I will describe the development of ecotourism using the results of various field studies focused on the indigenous spatialization practices and environmental representations, that I have been conducting in Lacanjá Chansayab since 2007.
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Losseau, V. (2015). Le « cimetière des projets échoués ». L’utopie communautaire de l’éco-tourisme à l’épreuve de la société lacandone (Chiapas, Mexique). ELOHI, (7), 17–47. https://doi.org/10.4000/elohi.455
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