« L’animal thérapeute ». Socio anthropologie de l’émergence du soin par le contact animalier

  • Michalon J
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Abstract

Ce travail s’inscrit dans le cadre d’une sociologie des relations humains/animaux. Adoptant le triple point de vue de la sociologie pragmatique, de la nouvelle sociologie des sciences et de l’anthropologie symétrique, mon approche se concentre essentiellement sur les dynamiques de requalification des relations humains/animaux dans les sociétés occidentales contemporaines. Partant du constat que, depuis une quarantaine d’années, la place des animaux y est devenue problématique et y a été re-problématisée (développement d’une conscience écologique, « phénomène » animal de compagnie, crises de l’élevage industriel, clonage, xénogreffes etc.), je m’emploie à documenter les mécanismes qui viennent recomposer les représentations « traditionnelles » et « modernes » du monde animal. La montée de la prise en compte sociale des intérêts des animaux accompagnée de l’émergence de pratiques brouillant les frontières entre humains et non-humains, produit tout à la fois de nouvelles représentations, de nouveaux êtres et de nouvelles relations entre eux. Mon travail s’inscrit ainsi dans une sociologie pragmatique de la bienveillance envers les animaux. A travers l’exemple du développement des pratiques de soin par le contact animalier (Zoothérapie, Thérapie Assistée par l’Animal, Médiation Animale, Equithérapie, Activités Associant l’Animal), il s’agit d’analyser les mécanismes sociaux de revalorisation des animaux, de leurs rôles, de leur présence et de leurs êtres. Plus précisément, je défends l’idée que le développement de ces pratiques contribue actuellement à l’avènement d’un nouveau régime de compagnonnage anthropozoologique, dans lequel la bienveillance vis-à-vis de l’animal occupe une place importante mais pas exclusive. L’hypothèse de ce travail est que le recours à l’argumentaire sanitaire (la santé humaine comme « bien en soi ») permet de rendre cette bienveillance légitime et d’enrôler tout un réseau d’acteurs autorisant le développement de ces nouvelles modalités relationnelles humains/animaux à grande échelle. La reconnaissance d’une valeur thérapeutique au contact avec l’animal est au cœur de la dynamique de requalification positive que j’étudie. Ainsi, j’ai suivi comment la conviction selon laquelle la présence, le contact et l’interaction avec l’animal améliorent une relation de soin « classique », et la santé humaine en général, a pu naître, être diffusée, mise à l’épreuve du travail scientifique, et s’actualiser dans des pratiques concrètes. Je montre notamment à quel point le renversement de perspectives que ces pratiques suggèrent (« les animaux prennent soin des humains ») est difficile à négocier, et qu’il pose également des questions sur la manière de penser la relation de soin en général (et ce qu’être humain veut dire). Dans une première partie, je m’intéresse à la constitution d’un champ de savoir autonome autour des questions de l’interaction avec l’animal à but thérapeutique, à travers une analyse bibliographique. La deuxième partie est consacrée à l’analyse des réseaux d’acteurs qui ont promu les pratiques de soin par le contact animalier, leur développement, leur professionnalisation et leur (difficile) standardisation. Enfin, une troisième partie décrit plus particulièrement ces pratiques, en situation, à travers l’analyse d’observations ethnographiques et d’entretiens.

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Michalon, J. (2012). « L’animal thérapeute ». Socio anthropologie de l’émergence du soin par le contact animalier. Bulletin Amades, (85). https://doi.org/10.4000/amades.1352

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