RésuméNous nous intéressons ici autant aux théories du comportement criminel qu’aux pratiques préconisées par les médecins-criminologues afin d’« éradiquer » ce « fléau social », selon les termes de l’époque. Nous tentons de montrer comment, à travers ces théories et ces pratiques, se dévoilent l’ensemble de la « vision du monde » de ces médecins, en particulier leur prétention à éclairer de leur savoir le traitement des problèmes sociaux et à relayer un pouvoir judiciaire accusé plus ou moins explicitement de laxisme et d’irréalisme. Au nom de l’assainissement et de la moralisation de la société, les partisans d’un programme fort d’hygiène publique réclameront que la « prophylaxie sociale » s’élargisse à la lutte contre la criminalité (comme par ailleurs au vagabondage et à la prostitution). La plupart d’entre eux n’hésiteront pas à réclamer la mise en œuvre de moyens radicaux d’élimination des criminels réputés incorrigibles : déportation à vie dans les colonies, application plus systématique de la peine de mort, puis, sous l’influence du mouvement eugéniste, stérilisation massive. Toutefois, ces programmes médicaux de lutte contre la criminalité n’auront pas en France le succès qu’ils ont connu dans d’autres pays occidentaux.
CITATION STYLE
Mucchielli, L. (2000). Criminologie, hygiénisme et eugénisme en France (1870-1914) : débats médicaux sur l’élimination des criminels réputés « incorrigibles ». Revue d’Histoire Des Sciences Humaines, 3(2), 57. https://doi.org/10.3917/rhsh.003.0057
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