Après l’avènement de la dynastie des Qin (221-207), le confucianisme a d’abord servi, dans l’histoire chinoise, d’alibi à des politiques dictatoriales d’inspiration légiste ou à la mise en coupe réglée du pays par des intérêts privés. Les véritables idéaux confucéens, par nature anti-légistes, ne purent en réalité s’exprimer qu’à de très rares occasions. Ce fut notamment le cas à la fin de la dynastie des Qing (1644-1912) quand les lettrés qui les incarnaient embrassèrent largement « les études occidentales ». Paradoxalement, et pour un ensemble de raisons complexes, on en vint pourtant à opposer radicalement l’Occident et le confucianisme. En prenant ce dernier pour cible, les grands mouvements politiques ou intellectuels du xxe siècle, tant réformistes que révolutionnaires, ont donc largement manqué ce qui aurait dû être leur cible véritable : un pouvoir centralisé écrasant l’individu. Deux conditions seraient aujourd’hui nécessaires pour qu’un confucianisme authentique puisse offrir des ressources pour sortir du piège dans lequel l’histoire l’a enfermé : il devrait d’une part se rapprocher de l’Occident et de ses valeurs démocratiques ; et, d’autre part, être capable de sortir de sa tour d’ivoire pour proposer au pays des mesures concrètes et applicables.
CITATION STYLE
Qin, H. (2009). La culture traditionnelle aujourd’hui : un devoir d’inventaire pour penser le politique1. Extrême-Orient Extrême-Occident, (31), 63–102. https://doi.org/10.4000/extremeorient.132
Mendeley helps you to discover research relevant for your work.