Faut-il avoir peur de manquer d'eau ? De multiples forums internationaux sont à cet égard alarmistes. La ressource en eau douce qui n'est pas extensible pourrait devenir insuffisante puisque la population mondiale s'accroît, que les besoins se concentrent dans les très grandes villes et que les pratiques agricoles d'irrigation déjà très grosses consommatrices (70 % de la ressource) grandissent de façon abusive selon certains. A la crainte de manquer s'ajoute un problème de détérioration de la ressource : l'eau disponible se dégrade, la pollution gagne. La répartition de l'eau entre tous, naturellement inégale traduit à son tour les inégalités de développement : un habitant de la planète sur 5 n'a pas accès à l'eau potable tandis qu'en Californie les piscines privées font partie du paysage. Dans une même ville du Sud, la distribution domestique de l'eau est assurée dans les quartiers riches alors que les quartiers populaires doivent se contenter de bornes fontaines. Le partage de l'eau est un enjeu de pouvoir. Dans les conflits entre Etats c'est toujours le plus puissant qui l'emporte pour les fleuves transfrontaliers. Dans un même contexte régional une compétition sévère oppose les villes entre elles et surtout villes et campagnes, agriculteurs et citadins. Le contrôle de l'eau est aussi un enjeu économique et financier : source de profits, il aiguise les appétits des groupes industriels qui maîtrisent les techniques d'exploitation, de régulation, de distribution et d'assainissement. Faut-il évaluer l'eau à son coût réel ? Ou bien parce que l'eau « c'est la vie même » faut il considérer l'eau comme un bien inaliénable de tous les hommes ?
CITATION STYLE
Chambolle, T. (1999). De l’eau pour tous ? La Houille Blanche, 85(1), 63–66. https://doi.org/10.1051/lhb/1999008
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