L’objet de cet article est de montrer comment l’histoire des expérimentations sociales à la française prend sens à la lumière du jeu triangulaire entre État, acteurs locaux et experts. Nous montrons d’abord les conséquences du rapport ambigu que l’État entretient avec les collectivités territoriales et plus généralement avec les acteurs locaux, ce qui entraîne une difficulté récurrente à s’accorder sur les enjeux de l’expérimentation. Nous voyons ensuite, à travers la chronique politique des appels à projets successifs, comment, à partir d’une volonté de faire remonter des solutions innovantes sur un spectre large de problèmes sociaux relatifs à la jeunesse, le Fonds d’expérimentation pour la jeunesse (FEJ) a connu à la fois un recentrage sur les questions de l’éducation ainsi qu’une reprise en main par l’appareil d’État. Enfin, nous montrons comment la généralisation des expérimentations, point nodal de la relation entre innovation locale, expertise et décision publique, est restée, à des titres divers, un point aveugle pour l’ensemble des acteurs embarqués dans l’expérience.
CITATION STYLE
Bureau, M.-C., Sarfati, F., Simha, J., & Tuchszirer, C. (2013). L’expérimentation dans l’action publique. Travail et Emploi, (135), 41–55. https://doi.org/10.4000/travailemploi.6070
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