Parmi les nombreuses antinomies qui traversent les écrits issus de l’art conceptuel et les textes analytiques qui en traitent, l’une des plus importantes, et pourtant des moins explorées, est celle qui oppose les différentes conceptions de l’humour. Ces conceptions proviennent d’approches de l’humour que l’on pourrait qualifier soit de subversive et déstabilisante, soit d’analytique et contraignante. Bien que ces catégories ne s’excluent pas esthétiquement et philosophiquement l’une l’autre, elles ont pourtant été mises en opposition de façon systématique. Cet article examine l’histoire de cette tension afin de souligner son importance pour la compréhension de ce qu’a été l’art conceptuel. Il accorde, entre autres, une large place au débat entre l’interprétation doctrinaire de Joseph Kosuth et l’interprétation subversive de John Baldessari de l’humour duchampien. L’humour devient dès lors un catalyseur privilégié permettant d’interroger les finalités esthétiques et philosophiques de l’art conceptuel. Finalement, ce texte, à l’aide des concepts de légèreté ( levity ) et de pesanteur ( gravity ), fait la cartographie de la brèche qui passe entre un humour débridé et un humour hermétique.
CITATION STYLE
Diack, H. (2020). The Gravity of Levity: Humour as Conceptual Critique. RACAR : Revue d’art Canadienne, 37(1), 75–86. https://doi.org/10.7202/1066735ar
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