i. La récolte du pollen par les abeilles a été étudiée de 1950 à 195 6 à la Station de Recherches apicoles de Bures-sur-! eette, au moyen de la trappe à pollen, instrument permettant la capture de 10 p. 100 environ des pelotes de pollen rapportées à la ruche. Le but du travail était de préciser dans quelles conditions se fait cette récolte, tant du point de vue quantitatif que du point de vue qualitatif, et de mettre en évidence l’origine des variations couramment observées. . La quantité moyenne de pollen récoltée par ruche et par an 2 paraît osciller entre 2j et 3 o kg. Ceci est en accord avec les calculs que l’on peut faire par ailleurs et avec les données bibliographiques. . Le maximum de récolte journalière se situe habituellement aux 3 environs de i kg ( 100 g à la trappe) et atteint exceptionnellement 2 kg pour certaines colonies très populeuses. . L’allure de la courbe annuelle de récolte est relativement cons- 4 tante en un lieu donné. Les maxima et minima se situent toujours approsi- mativement aux mêmes époques. 5. L’absence de la reine ne constitue pas, en soi, un stimulus suffi- sant pour inhiber la récolte qui se poursuit dans les colonies les plus désor- ganisées à un niveau, il est vrai, extrêmement bas. 6. La quantité de pollen récoltée est pratiquement proportionnelle à l’étendue du couvain. Toutefois quelques colonies semblent présenter une propension très nette à récolter du pollen au-delà de leurs besoins normaux. . On ne constate aucune corrélation nette entre récolte du pollen 7 et récolte du nectar. Il s’agit de deux processus distincts. 8. I,a comparaison entre la récolte du pollen et un phénomène très général bien étudié chez le Rat blanc, l’amassage ou hoarding, a permis de mettre en évidence certains points communs. Il semble que le butinage en général soit assimilable en grande partie à une activité de hoarding. Les deux phénomènes sont influencés par le milieu et en particulier par la température. Ils sont sous la dépendance d’une privation de nourri- ture, laquelle est chronique dans la ruche. Tous deux aboutissent à la constitution de réserves alimentaires qui sont souvent sans commune mesure avec les besoins physiologiques stricts. L’homme a pu, par la sélection, contribuer à développer l’instinct de hoarding chez les abeilles. . L’instinct d’amassage porte à la fois sur le nectar et sur le pollen. 9 Lorsqu’il porte sur le nectar il aboutit à la constitution de réserves sucrées. Lorsqu’il porte sur le pollen il marque en général une tendance à l’expansion indéfinie du couvain et à l’essaimage. 10 . Selon l’origine géographique des colonies la courbe de récolte du pollen prend une allure un peu différente. Elle marque une plus grande précocité chez les ruches d’origine méditerranéenne, ce qui est le signe d’un rythme de développement plus rapide. 11 . I,a flore, considérée comme facteur agissant sur la récolte du pollen, n’apparaît comme un facteur limitant qu’en dehors de la période printanière. . De tous les facteurs météorologiques étudiés, la température 12 semble le plus important. Le rôle des facteurs météorologiques est pure- ment limitant et s’exerce principalement au début du printemps et en automne. Aucune récolte n’a lieu au-dessous de io . Il n’y a pas pro- o portionnalité entre la température et la quantité de pollen récoltée, sauf sur de très courtes périodes. . Seule une partie de la flore d’un lieu est utilisée par les abeilles. 13 . Du point de vue qualitatif on constate de fortes variations dans i 4 les récoltes de ruches voisines d’origine non contrôlée. Chaque colonie 1) fournit un spectre pollinique de récoltes qui lui est propre. Des « goûts particuliers se manifestent chez certaines ruches pour certaines plantes. 15 . Le plus souvent, une source de pollen est d’autant plus inten- sément utilisée qu’elle a été découverte plus tôt. 6. Le goût de certaines ruches pour un 1 pollen déterminé peut inté- resser non seulement l’espèce, mais aussi la famille. y . Le facteur « découverte » des sources de pollen paraît important. 1 8. Des ruches homogènes par l’origine de la reine présentent encore des différences importantes dans la formule pollinique adoptée. ig. D’une année sur l’autre les goîits manifestés par une ruche pour certains pollens peuvent se retrouver ; toutefois le phénomène ne semble intéresser que les plantes les plus importantes. 0 . Si l’on étudie le spectre pollinique des récoltes de plusieurs groupes de ruches d’origines géographiques différentes, on constate que le spectre varie moins à l’intérieur d’un groupe que d’un groupe à l’autre. 21 . Certaines ruches concentrent leur activité sur un petit nombre d’espèces ; d’autres, au contraire, se dispersent sur de nombreuses plantes. 22 . La recherche d’une base de comparaison entre les récoltes de groupes de ruches d’origines différentes permet d’exclure à peu près totalement des facteurs tels que la rémanence d’un comportement anté- rieur, ainsi que les facteurs écologiques et spatiaux. 23 . La teneur en azote des récoltes de pollen subit un cycle annuel présentant un maximum en mai-juin. 24 . La teneur en azote des pollens semble jouer un rôle essentiel dans le choix des butineuses ; les différences qualitatives dans les récoltes des différentes ruches peuvent s’expliquer par la recherche dans le pollen de certaines qualités nutritives. I,e pollen constitue pour l’abeille un produit défini par un cer- tain nombre de qualités dont les principales sont la pulvérulence, la valeur alimentaire et la valeur biologique, la teneur en substances attrac- tives. 2 6. I,es substances attractives du pollen appartiennent vraisem- blablement au groupe des stérols ou à un groupe chimiquement voisin. . l,es plantes dont l’abeille récolte le pollen sont sensiblement 27 les mêmes dans toute l’Europe occidentale. 2 8. I,e tapis végétal présente de grandes variations dans sa valeur pour l’abeille. La dominance d’un biotope végétal en un lieu impose aux abeilles une adaptation particulière. On discute les rapports entre flore et cycle biologique des ruches. . Une étude détaillée des récoltes de pollen en 29 divers points de la France permet d’établir la valeur pollinique des différents aspects du tapis végétal. 30/. 1 ensemble des travaux exposés permet d’envisager sous un jour nouveau les problèmes de la nutrition de la ruche et de l’acclimatation des abeilles.
CITATION STYLE
LOUVEAUX, J. (1959). RECHERCHES SUR LA RÉCOLTE DU POLLEN PAR LES ABEILLES (Apis Mellifica L) (Fin). Annales de l’Abeille, 2(1), 13–111. https://doi.org/10.1051/apido:19590102
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