Trop souvent étudiée à la lumière d’une histoire disciplinaire sous l’angle de paradigmes – naturaliste ou médical –, l’analyse des usages de la notion « science de l’homme » entre 1770 et 1808 constitue néanmoins un moyen de contribuer au renouvellement de l’histoire politique. À partir de 1770, la notion de « science de l’homme » tend à s’imposer progressivement comme un nouveau terrain d’intervention investi par des « philosophes » et « écrivains » soucieux de participer aux débats sur les réformes politiques et de transformer radicalement les principes sur lesquels sont construites les relations entre les individus et les sociétés. Cette idée de « régénération » et de « perfectionnement » à laquelle est associée cette « science de l’homme » s’inscrit, dès 1789, dans les logiques de conflits et de reconstruction de l’espace politique, jouant un rôle essentiel dans la mise en place et la défense du projet républicain du Directoire. Véritable paradigme scientifique et politique jusqu’en 1802, la « science de l’homme » est ensuite la cible de nombreuses attaques qui tendent à la marginaliser dans le nouvel ordre des savoirs qui se met en place sous l’Empire. Considérée à travers les débats et les conflits politiques qui scandent cette période 1770-1808, il est possible de mieux comprendre les enjeux qui ont entouré les projets successifs pour construire une science de l’homme et approfondir par là la réflexion concernant les modalités de cette transition des « Lumières au positivisme » qui caractérise le « moment 1800 ».
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Chappey, J.-L. (2006). De la science de l’homme aux sciences humaines : enjeux politiques d’une configuration de savoir (1770-1808). Revue d’Histoire Des Sciences Humaines, 15(2), 43. https://doi.org/10.3917/rhsh.015.0043
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