Résumé Dans cet article, on propose d’analyser la psychiatrie comme une technique de gouvernement des individus (au sens foucaldien) et de resituer certaines mutations récentes du champ psychiatrique à l’intérieur d’une transformation plus large des rationalités « gouvernementales ». On montre ainsi comment le dispositif de santé mentale a toutes les caractéristiques d’un « dispositif de sécurité » qui se développe sur un territoire ouvert, s’appuie sur une autonomie relative des sujets et fonctionne dans l’ensemble de la population sur un continuum d’états non strictement délimités en termes malade/non malade. On examine ensuite les conséquences de ces mutations sur la notion de maladie mentale même, qui tend à disparaître au profit des catégories de « souffrance psychique » et « troubles mentaux », avant de nous arrêter plus spécifiquement sur certaines conséquences liées à la perte de spécificité du statut de « malade mental » et à une relative disparition d’une problématique de la pulsion au profit de la relation à l’autre. On avance pour finir que c’est à l’intérieur de ce cadre de transformation des techniques de gouvernement des individus, liée à un mode « libéral » de gouvernement des conduites, que le succès des tcc doit être resitué.
CITATION STYLE
Doron, C.-O. (2008). La maladie mentale en question. Les Cahiers Du Centre Georges Canguilhem, N° 2(1), 9–45. https://doi.org/10.3917/ccgc.002.0009
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