On observe chez Lamennais une conscience catholique particulièrement attentive à ce qu’on peut appeler la fin de l’ambiguïté des Lumières en France, c’est-à-dire la fin d’une critique de la religion qui s’appuyait, au XVIIIe siècle, sur l’autorité qu’elle critiquait et qui y trouvait la solidité dont elle avait besoin pour se déployer. Avant la Révolution, écrit Lamennais, on « violait partiellement » l’ordre chrétien, mais « on en respectait l’ensemble ». Après, on ne peut plus compter sur cet acquis et se contenter de répondre à des contestations partielles. Il s’agit maintenant de donner à la doctrine une force nouvelle, en prenant acte du fait que le fond commun de vérités chrétiennes a été radicalement ébranlé. Si « l’état des esprits n’est plus le même », c’est que « l’erreur » a progressé, écrit Lamennais, et cette erreur est la généralisation du scepticisme engendré par le raisonnement individuel.
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Knee, P. (2013). Scepticisme et Lumières selon Lamennais. In International Archives of the History of Ideas/Archives Internationales d’Histoire des Idees (Vol. 210, pp. 343–355). Springer Nature. https://doi.org/10.1007/978-94-007-4810-1_23
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