Les séries télévisées contemporaines, particulièrement les séries américaines, ont transformé le rapport entre le monde d'un côté et la fiction de l'autre, non pas en resserrant ce lien au profit du réalisme, mais en créant un niveau propre, leur niveau de réalité. Le trouble qu'elles provoquent pour certains spectateurs semble tenir à un rapport particulier de la fiction avec le réel, un rapport de jonction et de contact. Cet article réinvestit la notion barthienne « d'effet de réel » pour en décrire la nature dans la fiction sérielle et teste la pertinence de l'approche générique dans le cas des séries contemporaines apparues depuis les années 90. À partir des trois traits de la grammaire visuelle (et de l'exemple pionnier de la série Urgences), de la temporalité diégétique et du rapport d'inclusion des faits du monde aux séries, il propose de substituer au modèle de la néo-télévision et à son réseau notionnel réalisme ― genre - promesses de genre ― décodage un modèle de la post-télévision articulant effet de réel - cadre d'interprétation - horizon d'attente et enquête. C'est donc la spécificité du régime fictionnel sériel contemporain de s'inscrire de façon spécifique dans le monde et d'appeler un modèle de réception fondée sur l'enquête et le « travail » du récepteur plutôt que sur le décodage qui est ici défendue.
CITATION STYLE
Glevarec, H. (2010). Trouble dans la fiction. Effets de réel dans les séries télévisées contemporaines et post-télévision. Questions de Communication, (18), 214–238. https://doi.org/10.4000/questionsdecommunication.405
Mendeley helps you to discover research relevant for your work.