Résumé Dans le contexte de l’intégration européenne, la période allant du milieu des années soixante au milieu des années quatre-vingt est connue comme celle de l’Eurosclérose. Cette approche s’appuie sur le sentiment d’une stagnation de l’intégration durant ces années, principalement en raison du refus des États membres d’abandonner leur souveraineté et de la montée du protectionnisme face à la récession économique. La théorie intergouvernementaliste est vue de manière conventionnelle comme le cadre dans lequel on peut analyser cette période en se concentrant sur les intérêts propres des États. L’objectif de cet article est d’examiner de manière critique la période d’eurosclérose mais également la théorie intergouvernementaliste en tant que cadre permettant d’expliquer cette période dans le processus de l’intégration européenne. Cet article considère que, en se concentrant sur l’approche historique, l’analyse intergouvernementaliste de niveau super-systémique n’arrive pas à prendre en compte les facteurs sous-systémiques qui ont agi comme des forces motrices de l’intégration européenne. L’approche stato-centrée de l’intergouvernementalisme ne lui permet pas de prendre en compte les développements politiques sous-jacents qui se sont développés durant cette période. Ces développements, durant les années dites d’eurosclérose, furent à la base des futurs actes politiques majeurs de la Communauté européenne-Union européenne, tels l’Acte unique et l’Union économique et monétaire. Dans cette approche, cet article examine les processus de constructions institutionnelles qui eurent lieu durant cette période, à travers une analyse du Parlement européen, de la Commission européenne et de la Coopération politique européenne. Cet article analyse également la croissance de la compétence politique de la Communauté européenne, en particulier dans le domaine économique. Enfin, une analyse du rôle de la Cour de justice des Communautés européennes s’intéresse aux impacts politiques de ses principales décisions légales. Cet article conclut qu’il n’est pas seulement faux de parler d’une période de stagnation, mais également que l’intergouvernementalisme, parce qu’il n’était pas à même d’apprécier les dynamiques internes du processus d’intégration, ne peut être considéré comme un cadre adéquat pour analyser cette période.
CITATION STYLE
Awesti, A. (2009). The Myth of Eurosclerosis: European Integration in the 1970s. L’Europe En Formation, n° 353-354(3), 39–53. https://doi.org/10.3917/eufor.353.0039
Mendeley helps you to discover research relevant for your work.