La distinction classique entre sexe et genre dans les sciences sociales a été trop rapidement calquée sur les représentations communes qui dictent implicitement les frontières du biologique et du social. L’annulation récente de cette distinction dans les études de genre, initiée par Judith Butler, résulte paradoxalement d’une adhésion non reconnue à ces frontières. La critique constructiviste du concept de sexe issue de l’épistémologie féministe dans les sciences de la vie n’a pas la rigueur que les sciences sociales lui accordent. Il faut déplacer les frontières du genre vers le biologique, non les annuler en faisant du sexe quelque chose d’aussi « construit culturellement » que le genre. Le sexe, au singulier, n’est pas la même chose que les sexes, au pluriel. Les corps définis par leurs caractères sexuels (mâles, femelles) ne sont pas des réalités biologiques, mais du genre. Les caractères du sexe, en revanche, doivent être définis comme une réalité résultant de mécanismes génétiques précis.
CITATION STYLE
Touraille, P. (2011). Déplacer les frontières conceptuelles du genre. Journal Des Anthropologues, (124–125), 49–69. https://doi.org/10.4000/jda.5267
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