Résumé Au cours des années 1990, le nombre de « signalements » d’enfants « en danger » (selon l’article 375 du Code civil) envoyés au Parquet a augmenté. On peut rendre compte de ce phénomène souvent qualifié de « judiciarisation » à partir de l’analyse des pratiques des travailleurs sociaux qui recourent à la justice dans le cadre de leur mission de « protection de l’enfance ». La constitution de la « maltraitance » comme problème social au cours des années 1980 et les transformations dans le champ juridique concernant l’obligation de signalement ont, en effet, changé la perception que les travailleurs sociaux ont de leur responsabilité et de leur mission de protection de l’enfance. Les nouvelles logiques bureaucratiques consécutives à la décentralisation permettent de comprendre comment ces transformations ont été relayées au sein des institutions employant les travailleurs sociaux et ont conduit, dans certains services, à faire du signalement une norme d’évaluation du travail. L’enquête ethnographique dans un service social scolaire montre finalement comment ces transformations structurelles ont eu des répercussions pratiques sur les conditions de travail et ont pu inciter certains agents à un recours accru à la justice.
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Serre, D. (2001). La « judiciarisation » en actes. Actes de La Recherche En Sciences Sociales, n° 136-137(1), 70–82. https://doi.org/10.3917/arss.136.0070
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