Cet article propose d’étudier la nature du lien entre les cadres épistémologiques de la phraséologie et de la grammaticalisation qui, bien que s’ignorant encore largement à l’heure actuelle, présentent un grand nombre de caractéristiques communes : (i) opacité et non‑compositionnalité en phraséologie, déplacement/blanchiment sémantique et (inter‑)subjectification en grammaticalisation ; (ii) fixité syntaxique en phraséologie, autonomisation syntaxique et prosodique en grammaticalisation ; (iii) collocabilité et attraction lexicale en phraséologie, coalescence syntagmatique et phonologique en grammaticalisation. Nous verrons en quoi certaines de ces caractéristiques peuvent être les indices d’un processus de constructionnalisation en cours, en particulier pour les constructions verbales à fonction pragmatique (e.a. tu vois) qui, bien qu’appartenant (encore) au domaine de la syntaxe, se comportent (déjà) comme des marqueurs de discours en français contemporain. Enfin, nous interrogerons la nature du lien existant entre les différents processus du changement langagier (i.e. la lexicalisation, la grammaticalisation, la pragmaticalisation et la constructionnalisation) en introduisant la notion de fonctionnalisation comme processus évolutif englobant.
CITATION STYLE
Bolly, C. (2010). Flou phraséologique, quasi-grammaticalisation et pseudo marqueurs de discours : un no man’s land entre syntaxe et discours ? Linx, (62–63), 11–38. https://doi.org/10.4000/linx.1356
Mendeley helps you to discover research relevant for your work.