Le mythe de l’entrepreneur rationnel et divinateur, figure héroïque et solitaire, porteur de la grande idée qu’il planifie puis exécute avec succès, a vécu même s’il tend à persister, d’une part, en filigrane d’approches pédagogiques désemparées et, d’autre part, comme idéologie du développement économique à tout prix. Les mythes survivent parfois par confort, faute de recours. La théorie de l’effectuation, proposée par Saras S. Sarasvathy depuis une dizaine d’an- nées, constitue un de ces recours. Elle prend pour prémisse un avenir non prédictible et envisage l’entrepreneuriat comme exercice de transformation des moyens dans l’élaboration des fins. Il s’agit donc de rechercher les « effets » possibles de moyens donnés. Les objectifs de l’entre- preneur émergent au fur et à mesure de l’avancée du projet entrepreneurial en fonction de l’as- piration et des connaissances du fondateur, des rencontres et réseaux mobilisés et de diverses contingences. Dans l’entretien qui suit, Saras Sarasvathy revient sur l’élaboration de cette théo- rie et ses lignes de force. Elle en trace les filiations avec le pragmatisme et la pensée d’Her- bert Simon. Elle s’interroge avec nous sur l’applicabilité de l’effectuation à tout type d’entrepre- neur mais aussi sur des extensions parfois inappropriées de cette théorie. Enfin, à l’examen de ses critiques, Saras Sarasvathy suggère quelques pistes d’amélioration d’un « entrepreneuriat effectual »
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Sarasvathy, S. D., & Germain, O. (2011). “L’effectuation, une approche pragmatique et pragmatiste de l’entrepreneuriat.” Revue de l’Entrepreneuriat, 10(3), 67. https://doi.org/10.3917/entre.103.0067
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