Cent vingt élèves appartenant à quatre des plus illustres grandes écoles françaises (ens Ulm, Polytechnique, hec, Sciences Po) ont été interrogés à propos de l’image de leur institution. On étudie dans quelle mesure l’image d’excellence et de prestige dont jouissent ces institutions dans la société française est perçue par leurs membres. On cherche ensuite à comprendre son rôle dans leur attractivité auprès de ces élèves et dans la satisfaction qu’ils en retirent une fois la grande école intégrée. L’analyse montre que l’intériorisation de la hiérarchie d’excellence des grandes écoles et celle des significations symboliques qui y sont associées sont très inégales parmi les élèves et qu’elles dépendent de leur socialisation antérieure familiale et scolaire. Excellence et prestige contribuent à construire les aspirations à intégrer mais induisent des rapports à l’institution contrastés. Le rapport instrumental à l’institution de ceux qui considèrent principalement les opportunités professionnelles et les rétributions matérielles que promet le statut d’élève de grande école est distingué du rapport expressif de ceux qui valorisent les attributs symboliques associés aux grandes écoles. Ce second rapport à la grande école tend à être socialement plus distinctif que le premier. Le prestige intimide les élèves issus de milieux distants de l’univers des grandes écoles, ce qui rend leur identification avec l’institution difficile. L’enquête montre en outre que ce rapport expressif se traduit ensuite fréquemment par un sentiment de déception relative compte tenu du décalage constaté entre une représentation idéalisée et la réalité organisationnelle.
CITATION STYLE
Draelants, H. (2010). Les effets d’attraction des grandes écoles. Excellence, prestige et rapport à l’institution. Sociologie, 1(3), 337. https://doi.org/10.3917/socio.003.0337
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