Si les féministes et d’autres chercheurs se sont interrogés de manière théorique sur l’objet exact de l’achat dans la transaction prostitutionnelle, se demandant si le sexe peut être « un service comme les autres », les réponses à ces questions n’ont guère été cherchées de manière empirique. L’article se fonde sur des observations de terrain et des entretiens avec des clients masculins de travailleuses du sexe et des agents des services publics chargés de la réglementation pour explorer la signification donnée à différents types d’échange sexuel commercial. Arrestation et rééducation de clients, saisie de véhicules, mise en place de lois plus strictes sur la prostitution des mineurs et la possession de pornographie pédophile sont autant de signes des efforts récemment déployés par les pouvoirs publics, aux États-Unis comme en Europe de l’Ouest, pour problématiser la sexualité masculine tandis que se développait une pratique de consommation sexuelle débridée : dans les pays développés, la demande de pornographie, de clubs de strip-tease, de lap-dancing, d’« escorts », de sexe téléphonique et de tourisme sexuel a explosé. Replacer l’échange de sexe tarifé dans le contexte plus large des transformations postindustrielles de la culture et de la sexualité permet de mieux appréhender ce paradoxe.
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Bernstein, E., & Wirth, F. (2013). Ce qu’acheter veut dire. Actes de La Recherche En Sciences Sociales, N° 198(3), 61–76. https://doi.org/10.3917/arss.198.0061
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