Cette note critique porte sur deux livres discutant de la pertinence de la notion de « ghetto » afin de caractériser les transformations des quartiers pauvres des banlieues françaises. Dans Parias urbains, Loïc Wacquant propose une analyse comparative des nouvelles formes de marginalité urbaine aux États-Unis et en Europe de l’Ouest. Dans ce cadre, il dénonce l’amalgame entre le ghetto noir américain et les quartiers ouvriers en déshérence en France, et soutient que parler de « ghetto » dans ce dernier cas est un double « contre-sens », historique et sociologique. Dans Ghetto urbain, Didier Lapeyronnie développe la thèse forte selon laquelle le ghetto serait devenu une réalité sociale dans l’Hexagone. Il en analyse les mécanismes tant externes qu’internes, son organisation sociale propre, et interprète le rôle du racisme et de la discrimination comme opérateur du ghetto. Nous proposons une lecture croisée soulignant les divergences et les convergences en termes de définition, de dimensions d’analyse et d’administration de la preuve.
CITATION STYLE
Kokoreff, M. (2009). Ghettos et marginalité urbaine. Revue Française de Sociologie, Vol. 50(3), 553–572. https://doi.org/10.3917/rfs.503.0553
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