Partant du constat selon lequel les différences individuelles ont été insuffisamment explorées dans le domaine de l’apprentissage coopératif, l’article tente de cerner les apports et les modalités possibles d’une approche différentielle de l’activité coopérative. L’examen des principaux courants de recherches dans le domaine, considérés dans leurs aspects différentiels, conduit les auteurs à faire deux propositions visant à améliorer la description des différences interindividuelles et inter groupales. La première consiste à caractériser les sujets partenaires par des dimensions personnelles susceptibles de renseigner sur leur mode d’apprentissage dans l’interaction. Le style d’apprentissage social, défini comme le goût pour l’apprentissage avec et par autrui, en constitue un bon exemple. La deuxième proposition est d’identifier le fonctionnement interactif de chaque groupe à partir de plusieurs indicateurs, en accordant une attention particulière aux rôles adoptés par chaque partenaire de l’interaction.Dans l’illustration empirique qui suit, 6 groupes de 4 sujets lycéens, dont on a évalué préalablement le style d’apprentissage social, ont été filmés en situation de coopération dans une tâche d’apprentissage par les textes qui les invitait à produire la synthèse écrite d’un dossier documentaire géographique. Quelques jours plus tard, une évaluation individuelle de la qualité de l’apprentissage effectué était pratiquée sous la forme d’un questionnaire de rappel d’éléments conceptuels et factuels du dossier. L’analyse systématique des types d’intervention de chacun révèle des profils spécifiques selon que les sujets présentent un style d’apprentissage social fort ou faible. Elle conduit par ailleurs à différencier quatre rôles tenus lors des interactions (constructif, argumentatif, questionneur, gestionnaire), qui ne conduisent vraisemblablement pas tous au même niveau d’apprentissage. Enfin, le fonctionnement interactif de chaque groupe est appréhendé à travers plusieurs indicateurs qui permettent de faire des pronostics quant à la qualité de la synthèse produite et à la qualité du rappel ultérieur. Confrontés aux performances réelles des sujets, ces pronostics s’avèrent être plus fiables pour prédire la qualité de la production commune que celle de l’apprentissage individuel.
CITATION STYLE
Olry-Louis, I., & Soidet, I. (2003). Coopérer pour co-construire des savoirs : une approche différentielle. L’Orientation Scolaire et Professionnelle, (32/3), 503–535. https://doi.org/10.4000/osp.3319
Mendeley helps you to discover research relevant for your work.