Résumé L’implication est l’une des principales valeurs que les organisations essaient de promouvoir aujourd’hui pour (re)mobiliser leurs salariés. Avec le management postmoderne, la recherche de l’adhésion ne passe en effet plus seulement par l’exercice du contrôle ou de la coercition, mais par toutes les techniques qui sont mises en œuvre pour instrumentaliser la subjectivité du Sujet. Cette instrumentalisation se manifeste notamment à travers la promotion de la nouvelle « scène » dans laquelle le Sujet est invité à se projeter et où on lui propose, à côté des anciennes formes de gratification, de nouveaux objets d’investissement : l’autonomie et ses corollaires, la responsabilité et la promesse de l’autoréalisation. La question qui se pose toutefois est celle de savoir comment cette scène est réellement investie et quelles formes d’implication elle peut susciter. C’est à cette question que cet article essaie de répondre en analysant l’itinéraire psychique d’une quinzaine de cadres intermédiaires qui ont vécu une restructuration. Nous verrons que les conditions dans lesquelles on leur demande d’exercer leur autonomie dans la nouvelle organisation n’ont jamais été aussi contraignantes que celles qu’ils ont réellement connues. Cet exemple montre que l’appel à l’autonomie et à l’implication ressemble souvent, dans les organisations actuelles, à une injonction paradoxale, source de souffrance, de dissimulation et de désengagement.
CITATION STYLE
Merdji, M., & Naulleau, M. (2012). Qui du Sujet ou de l’Acteur, faut-il ménager en période de changement ? Nouvelle Revue de Psychosociologie, n° 13(1), 139–152. https://doi.org/10.3917/nrp.013.0139
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