Résumé À l’encontre du droit de retrait d’une situation dangereuse reconnu aux salariés en 1982, on observe sur les chantiers de gros œuvre un phénomène paradoxal : non seulement des ouvriers prennent des risques pour tenir les cadences, mais ils cachent aux cadres qu’ils prennent des risques, par peur de sanctions. La prise en charge de la sécurité se trouve en effet divisée entre ceux qui la conçoivent et ceux qui l’exécutent : ce sont les cadres qui décident des règles de sécurité que doivent respecter les ouvriers. Les cadres portent dans le même temps les prescriptions de sécurité et les exigences de cadence, potentiellement contradictoires. Dès lors, une reprise en main de leur sécurité par les ouvriers eux-mêmes implique de transgresser ou de contester les règles posées par l’encadrement. Mais une telle éventualité est rendue difficile par le morcellement du collectif de travail résultant de l’externalisation du travail (sous-traitance et intérim).
CITATION STYLE
Jounin, N. (2006). La sécurité au travail accaparée par les directions. Actes de La Recherche En Sciences Sociales, n° 165(5), 72–91. https://doi.org/10.3917/arss.165.0072
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