Dans cet article, nous discutons des hypothèses susceptibles d’expliquer les difficultés linguistiques qu’éprouvent les enfants issus des communautés immigrées et de quelques implications didactiques. Ces difficultés sont attestées par un certain nombre d’études, dont la récente enquête de l’OCDE sur la compréhension en lecture. Étant donné que le changement de langue entre la famille et l’école est souvent avancé pour expliquer ces difficultés, nous examinons la situation sociolinguistique d’origine. Cette situation nous paraît caractérisée par la déstabilisation des langues en contact et un développement incomplet de ce que nous appelons la langue de référence, dans la mesure où toutes les langues sont hybrides et fluctuantes. Nous définissons la langue de référence comme la langue dans laquelle se développent des compétences métalinguistiques. La langue non normée, hybride et fluctuante, parlée par les parents pourra avoir une influence sur le développement de la maîtrise communicative chez les enfants et, au-delà, sur la formation de leur propre langue de référence. Étant donné les liens que les capacités métalinguistiques entretiennent avec l’apprentissage de la lecture, l’acquisition de la littératie pourra en être affectée. La solution des difficultés linguistiques des enfants d’origine immigrée nous semble donc résider non pas dans le maintien d’une langue originelle (et mythique), mais dans l’acquisition précoce d’une langue de référence, quelle qu’elle soit, dans un cadre scolaire.
CITATION STYLE
Lucchini, S. (2005). L’enfant entre plusieurs langues : à la recherche d’une langue de référence. Enfance, 57(4), 299. https://doi.org/10.3917/enf.574.0299
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