Le système graphémique du français est un plurisystème mixte qui repose sur de solides fondations phonographiques tout en étant caractérisé par de nombreuses spécificités sémiographiques qui en font toute la complexité (Cogis, 2005 ; Jaffré, 2005). L'orthographe du français est une des plus difficiles au monde (Fayol, 2003) mais, si elle est réputée complexe dans le sens de la lecture, elle l'est davantage dans le sens de l'écriture : selon Fayol et Jaffré (2008), 96% des correspondances graphèmes-phonèmes (C.G.P.) sont régulières, ce qui n'est le cas que pour 71% des correspondances phonèmes-graphèmes (C.P.G.). En vue de son enseignement-apprentissage, Catach, Gruaz & Duprez (1995) ont divisé le plurisystème en trois niveaux : le niveau 3 correspond au système dans son intégralité ; les graphèmes du niveau 2 devraient être maniés avec aisance à l'issue de l'école élémentaire ; le niveau 1 est celui des 45 graphèmes de base devant être maîtrisés à la fin du Cours Elémentaire 1° année. Catach et al. (1995) sont parvenus à trois niveaux de complexité croissante en s'appuyant sur la fréquence dans la langue des C.P.G. et sur la fréquence des graphèmes. Ont donc été utilisées des mesures statistiques de deux variables sous-lexicales qui ne prennent pas en compte l'utilisation effective du plurisystème par les scripteurs. Les recherches en psycholinguistique sont parvenues à isoler d'autres facteurs linguistiques sous-lexicaux dont la prise en compte pourrait permettre une autre conception de la complexité orthographique : la consistance (ou régularité) des C.P.G. (e.g. Delattre, Bonin & Barry, 2006 ; Lambert, Alamargot, Larocque & Caporossi, 2011) souvent considérée comme principale source de difficulté, la complexité graphémique (e.g. Kandel & Spinelli, 2010 ; Shen, Damian & Stadthagen-Gonzalez, 2013) mais aussi la dépendance des graphèmes à leur contexte (Mousty & Leybaert, 1999). La complexité orthographique ne peut donc se limiter à la seule consistance des C.P.G. : elle dépend aussi de la complexité et du contexte graphémiques. L'association de ces trois variables nous a conduit à établir une hiérarchisation des 45 graphèmes de base du français tels que délimités par Catach et al. (1995). Cette hiérarchisation pourrait nous permettre de mieux comprendre les difficultés empiriques rencontrées par des élèves aux connaissances orthographiques non encore automatisées, et constituer ainsi une aide pour les enseignants dans leur réflexion sur la nécessaire progression des apprentissages orthographiques lexicaux.
CITATION STYLE
Pérez, M. (2014). Proposition de hiérarchisation des 45 graphèmes de base de l’orthographe du français. SHS Web of Conferences, 8, 1125–1140. https://doi.org/10.1051/shsconf/20140801178
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