Il existe une ambiguïté sur la réalité de la présence de l’espace au cinéma. On pourrait dire que le cinéma est, par excellence, un art spatial. En fait, on peut discuter, avec des arguments forts, cette évidence apparente. Cet article s’intéresse plus particulièrement aux films de géographie, qui cherchent à montrer l’espace habité et l’habiter de cet espace avec la visée d’augmenter l’intelligence de cette dimension du monde social. Ce texte développe son propos en deux temps. D’abord, il s’emploie à montrer le caractère extrêmement lacunaire de la présence de l’espace dans la production cinématographique comme environnement et de la spatialité comme agir, qui contribuent l’un et l’autre à géographicité. Ensuite, l’idée qu’il est possible d’ouvrir de nouvelles voies à l’association entre sciences sociales de l’espace et cinéma est avancée et précisée. Cette démarche conduit à proposer de desserrer l’emprise du cinéma populaire de fiction (et de son avatar le « documentaire ») et d’établir des liens avec des courants esthétiques de l’histoire du cinéma plus propres à entrer en résonance et avec la géographicité et avec les sciences. L’article se termine par un « manifeste » qui énonce dix principes pour un cinéma scientifique de l’espace habité.
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Lévy, J. (2013). De l’espace au cinéma. Annales de Géographie, n° 694(6), 689–711. https://doi.org/10.3917/ag.694.0689
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