Il n’y a pas moins de subjectivité dans l’écriture de récit de fiction que dans l’écriture du récit de vie. Pour peu qu’il se sente autorisé, encouragé à le faire, le sujet scripteur y inscrit sa singularité : singularité de son approche sensible du monde réel, de sa compréhension des hommes, de ses valeurs, de la configuration de son imaginaire, de ses figures obsessionnelles, de son usage de la langue, de ses stratégies narratives, de ses références livresques, autrement dit de « son expérience personnelle » de l’univers, de l’humanité, du langage, de la bibliothèque et des pouvoirs de l’imagination. Reconnaitre qu’il y a dans un récit d’élève les traces d’une expérience singulière ainsi entendue, en amont favoriser l’adoption d’un ethos discursif fondé sur une sémiotisation de cette expérience-là, suppose la réunion d’un certain nombre de conditions que l’article développe : conférer à l’élève le statut d’auteur (lui reconnaitre le droit d’avoir une intention artistique et l’encourager à lui donner corps, le lire et le faire lire avec une attention esthétique, en d’autres termes l’autoriser à « candidater » à une « relation esthétique ») et lui donner parallèlement les moyens concrets d’assumer cette posture.
CITATION STYLE
Tauveron, C. (2007). Le texte singulier de l’élève ou la question du sujet scripteur. Le Français Aujourd’hui, n° 157(2), 75–82. https://doi.org/10.3917/lfa.157.0075
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