Cet article vise à analyser les causes de la crise alimentaire qui a gravement secoué l’Égypte durant le premier semestre 2008 et qui a provoqué la mort d’au moins une quinzaine de personnes. Mon hypothèse de départ est que la crise alimentaire est une conséquence directe de la politique agricole libérale suivie par l’État égyptien qui privilégie le tout export et le développement d’un nouveau secteur agricole «moderne» s’appuyant sur les grands investisseurs et destiné prioritairement à l’export. Ce faisant l’agriculture «traditionnelle», pourtant très riche et intensive, est «marginalisée» sous le prétexte qu’elle est tenue par une paysannerie trop nombreuse (environ 3,6 millions de paysans) et trop pauvre pour continuer à investir et à moderniser le secteur. Par ailleurs, les décideurs égyptiens faisaient le raisonnement qu’avec l’argent de l’export le pays pouvait couvrir ses besoins alimentaires en achetant les produits nécessaires sur le marché international. Mais il a fallu la hausse faramineuse des prix internationaux durant les premiers mois de 2008 pour que l’Égypte se retrouve dans l’impossibilité d’acheter les produits de base et notamment les céréales. La conséquence immédiate de cette situation a été une pénurie de pain dans un pays où il constitue la base de l’alimentation.
CITATION STYLE
Ayeb, H. (2009). Crise alimentaire en Égypte : compétition sur les ressources, souveraineté alimentaire et rôle de l’État. Hérodote, n° 131(4), 58–72. https://doi.org/10.3917/her.131.0058
Mendeley helps you to discover research relevant for your work.