Berceau du pays touareg nigérien, la région d’Agadès fut jusqu’à la rébellion (1991- 1995) une destination touristique prisée dont l’attrait reposait largement sur l’exploitation du « mythe » touareg. Loin de vouloir gommer les spécificités culturelles, les touristes cherchaient, au contraire, à appréhender la société locale qui a toujours fasciné les Européens. Cet engouement s’est traduit par un soutien inconditionnel à la rébellion : tout un lobby pro-touareg mobilisé par Mano ag Dayak, figure emblématique régionale, prit fait et cause pour elle malgré sa méconnaissance du « problème » touareg, société qu’il ne connaissait qu’à travers ses aspects folkloriques. La rébellion terminée, cet attachement s’est traduit par un engagement humanitaire destiné à venir en aide à une population touchée à la fois par le conflit et des épisodes de sécheresse répétés : plusieurs ONG virent ainsi le jour après un séjour dans l’Aïr ou le Ténéré de leurs membres fondateurs. L’article se propose d’analyser de quelle manière les Touaregs, avec à leur tête Mano ag Dayak, ont utilisé le « mythe » pour développer le tourisme, mais aussi amener leurs visiteurs à un engagement politique et humanitaire en leur faveur.
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Grégoire, E. (2006). Tourisme culturel, engagement politique et actions humanitaires dans la région d’Agadès (Niger). Autrepart, n° 40(4), 95–111. https://doi.org/10.3917/autr.040.0095
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