Cet article propose une revue critique de la littérature récente sur les liens entre migration et institutions dans le contexte des pays en développement. Il existe de nombreux canaux par lesquels les migrations affectent la démocratisation des pays d’origine. Leur effet peut être positif ou négatif selon l’identité des migrants, leur destination, et la façon dont la migration influe sur les choix d’éducation et d’occupation. Par souci de simplification je sépare ici les différents canaux existants entre ceux qui relèvent des approches traditionnelles d’économie politique (modèles de recherche/évitement de rente, de compétition entre juridictions, effets à la Laffer dus aux choix d’éducation, d’occupation et de localisation) et entraînant un ajustement du côté de l’offre, et ceux qui relèvent de la diffusion de la démocratie et induisent des changements du côté des préférences et de la demande. La littérature d’économie politique est très riche sur le plan théorique mais assez pauvre sur le plan empirique. Ce serait plutôt l’inverse pour la littérature sur la diffusion culturelle de la démocratie, qui présente celle-ci de façon ad hoc sur le plan théorique mais qui s’enrichit graduellement d’un nombre croissant d’études de cas. Les analyses de comparaisons inter-pays s’intéressent quant à elles à l’effet global des migrations sur les institutions. Si elles mettent généralement en évidence un effet positif des migrations internationales sur le développement institutionnel des pays d’origine, elles ne permettent par contre pas d’identifier les canaux exacts par lesquels ces effets sont obtenus.
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Rapoport, H. (2015). Migration et Développement Institutionnel. Revue d’économie Politique, Vol. 125(1), 77–95. https://doi.org/10.3917/redp.251.0077
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