La problématique de ce numéro interroge les interactions entre les changements de modèles d'innovation, l'écologisation de la fonction de production et leurs conséquences sociales. Six processus d'innovation sont analysés respectivement dans les agricultures du Burkina Faso, Cameroun, Haïti, Madagascar Sénégal. Ces situations convergent en démontrant l'utilité pour le développement de modèles d'innovation collaboratifs qui adaptent les processus étudiés aux besoins locaux. Ces modèles impliquent plus d'engagement des politiques publiques d'innovation. ABSTRACT. The problem of this issue questioned the interactions between changes in models of innovation, the greening of the production function and their social consequences. Six innovation processes are analyzed in the Agriculture of Burkina Faso, Cameroon, Haiti, Madagascar, Senegal respectively. These situations coincide in demonstrating that collaborative innovation models are particularly useful for development, as they adapt the process studied to local needs. These models involve more commitment of public policy innovation. MOTS-CLÉS. Modèle innovation, Secteur agricole et alimentaire, Agro-écologie, Biotechnologie, Pays en développement. L'accroissement des inégalités mondiales de développement, les interrogations ouvertes par l'accélération du changement climatique, les nouvelles crises alimentaires et les transitions techniques : numérique, énergétique, biotechnologique convergent pour un changement de paradigme technologique dans l'agriculture l'alimentation. Cette acception reconnue dans les enceintes politiques internationales (Banque mondiale, Unesco, OCDE..) ouvre une controverse sur le modèle économique qu'elle mobilise ou renforce. Le premier modèle repose sur l'industrialisation de la fonction de production par la standardisation des intrants utilisés pour produire des biens agricoles et alimentaires. Il est dominant dans les pays de l'OCDE. Il est pour partie issue des progrès techniques de l'après-guerre : chimie, motorisation, progrès génétique... Il repose sur la recherche d'économies d'échelle, la concentration et la spécialisation des exploitations et des territoires. Il est souvent associé à une vision moderniste car fondé sur les nouvelles techniques qui met en oeuvre le progrès scientifique via les firmes mondiales de l'agrochimie et de l'agro-alimentaire. En soit il prolonge dans l'agriculture le mythe « développementaliste » du rattrapage des pays du sud grâce à l'industrie et aux transferts technologiques exogènes (COURLET et JUDET 1986). A l'extrême, il « artificialise » l'agriculture en la « désincarnant » de sa relation à la terre, au climat, au travail (humain et animal) : hydroponie, ou décébration des animaux. Ce modèle fortement efficace en termes de productivité ou de rentabilité des capitaux investis, sous-tend une trajectoire d'innovation polarisée par l'intensification de la fonction de production (plus d'intrants et de capital en substitution au travail et à la terre). L'affranchissement de l'activité de production de l'écosystème naturel et social réduit la diversité de ces derniers à une contrainte qu'il faut homogénéiser (VANLOQUEREN et BARRET 2009). Les gigantesques incendies des tourbières de Sumatra (Asie) asséchées pour produire de l'acacia destiné à l'industrie du papier ou le processus de déshumanisation du Chaco (Amérique du Sud) pour produire du soja en sont parfois des conséquences.
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Temple, L. (2017). Processus d’innovation dans les transitions agro-écologiques des pays en développement. Technologie et Innovation, 17(2). https://doi.org/10.21494/iste.op.2017.0108
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