Les prévalences de troubles mentaux comme la dépression ou l’anxiété généralisée posent souvent problème : que signifient ces nombres et quelle est leur valeur scientifique ? Pour répondre à ces questions il faut se souvenir que le malade est, par définition, celui qui sonne à la porte du médecin. La maladie, quant à elle, est une construction qui aide le médecin à penser et à prendre en charge le malade. S’il existe des classifications modernes et opératoires des troubles mentaux (le DSM ou la CIM par exemple), ces classifications ont le plus grand mal à identifier le malade par-delà la maladie, c’est-à-dire à identifier, à caractériser la nature et la réalité de la plainte. Ce problème n’est peut être pas rédhibitoire en ce qui concerne l’épidémiologie analytique (rechercher des facteurs statistiquement associés à la présence d’un trouble psychiatrique) ; il l’est sûrement davantage pour l’épidémiologie descriptive (calculer des prévalences, c’est-à-dire le pourcentage de sujets en souffrance et présentant un trouble donné). La plus grande prudence doit donc s’imposer aux acteurs de santé publique quand ils déterminent leurs décisions sur la seule base des résultats des études d’épidémiologie psychiatrique.
CITATION STYLE
Falissard, B. (2013). L’épidémiologie psychiatrique en question : peut-on déterminer le nombre de malades mentaux dans une population ? Topique, n° 123(2), 41–47. https://doi.org/10.3917/top.123.0041
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