René-Pierre Nepveu est un chanoine bien ordinaire d’une ville de province, elle aussi représentative, durant la seconde moitié du XVIIIe siècle. À l’âge de 26 ans, il naît à la fois à la vie capitulaire et à l’écriture : intronisé chanoine de la cathédrale du Mans, il entreprend un journal qui ne s’arrêtera qu’à l’extrême fin de sa vie. Héros obscur par excellence, il y parle peu de lui-même mais note ce qu’il observe et entend : cérémonies, mondanités, exécutions publiques, rumeurs ou ragots, la vie qui va dans son chapitre, sa ville et sa province… Du cœur du Mans à sa « campagne » de la Manouillère, on rencontre sous sa plume évêques, dignes confrères et vénérables curés, aussi bien que les élites locales, belles dames d’esprit, magistrats en robes rouges ou négociants enrichis. Quand la Révolution vient dérégler sa vie douillette, le journal passe de l’ironie à la peur et dit les bouleversements survenus, les émotions du « mauvais peuple », les cachettes, la prison. Puis viennent l’apaisement et la réconciliation, en même temps que la vieillesse. Véritable chronique urbaine et ecclésiale, ces pages fourmillent de détails insolites et offrent une inégalable base de données avant la lettre sur la société du temps.
CITATION STYLE
Charles, O. (2014). Le journal d’un chanoine du Mans. Nepveu de La Manouillère (1759-1807). Annales de Bretagne et Des Pays de l’Ouest, (121–2). https://doi.org/10.4000/abpo.2802
Mendeley helps you to discover research relevant for your work.