Effet de la complémentation protéique sur les performances des vaches laitières au pâturage conduit à 2 niveaux de fertilisation

Abstract

(Reçu le 28 janvier 1994 ; accepté le 9 août 1994) Résumé— L'effet de la complémentation protéique sur les performances des vaches laitières multi-pares (30 kg de lait) au pâturage a été étudié au cours de 2 essais. Le remplacement isoénergétique d'un concentré riche en céréales à 12% de matières azotées totales (MAT) par du tourteau tanné à 49% de MAT a été comparé selon un schéma en inversion 2 x 2 répété au cours de 2 cycles de pâturage. Dans l'essai 1, les animaux ont pâturé au printemps des prairies de ray-grass anglais peu fertilisées (20 kg N/ha/cycle). Un second niveau de fertilisation (60 kg N/ha/cycle) a été introduit lors de l'essai 2. La réduction de la fertilisation azotée a entraîné une diminution importante de la teneur en MAT de l'herbe offerte qui n'a été que de 10 à 12%. Sur les prairies peu fertilisées, le tourteau a permis d'accroître les productions de lait (+2,2 kg et +1,5 kg en années 1 et 2) et de matières grasses et protéiques, sans modification des taux ; sur les prairies bien fertilisées, il a également entraîné une amélioration des performances animales mais plus modérée que sur les prairies peu fertilisées (+26 g vs +44 g par jour de matières protéiques). La teneur en urée du lait s'est accrue à la fois avec l'apport de tourteaux tannés (+15 mg/100 ml) et le niveau de fertilisation azotée (+20 mg/100 ml). Pour interpréter ces réponses zoo-techniques importantes, différentes hypothèses sont discutées. L'apport de protéines de qualité a amélioré la nutrition azotée de l'animal mais sans doute aussi la digestion ruminale chez les vaches lai-tières pâturant des prairies peu fertilisées. D'autre part, l'emploi de tourteaux tannés pourrait avoir des effets favorables sur les quantités ingérées et donc améliorer le bilan nutritif des animaux au pâturage. L'augmentation des apports d'azote, au travers de la complémentation, induit inévitable-ment un accroissement des rejets azotés dans les déjections au pâturage (+155 g N par jour, soit envi-ron 95% de l'azote ingéré en plus). pâturage / vaches laitières 1 azote / complémentation / fertilisation Summary — Effect of dietary protein supplementation on grazing dairy cows' performances at 2 levels of N fertilization. Two trials were carried out to study the effect of dietary protein supple-mentation and rate of N fertilization on performances of grazing multiparous dairy cows (30 kgld milk). Cows were fed 1 of isoenergetic supplements (3.2 kg DM): cereal based concentrate (12% crude protein or CP) or protected soybean meal (SBM: 49% crude protein) (table I) in a reversal design 2 x 2. In trial 1, cows strip-grazed a low fertilized perennial ryegrass pasture (LN: 20 kg N/ha and after each grazing cycle). In trial 2, two levels of N fertilization were tested (LN and HN: 60 kg Nlha and lcycle) in interaction with supplementation treatments. Pasture was grazed at the same age of regrowth regardless of the N level applied and trials. LN grass was characterized by a low CP content (10-12%) as compared to HN grass (19%) in trial 2 (tables II and IV). On LN sward, soybean meal supplementation increased milk (+2.2 and +1.5 kgld in trials 1 (fig 1) and 2, respectively) and protein yield (+62 and +44 gld in trials 1 and 2, respectively). Protein content of milk did not change (tables /// and V). On HN sward, SBM also increased milk yield (+1.2 kgld). Protein yield was increased, but to a lesser extent than on LN sward (+22 g/d). Milk urea content was increased by 15 mgl100 ml with soybean meal supple-mentation and by 20 mgl100 ml when cow grazed the high fertilized sward. This data suggest that the supply of metabolizable protein by grass may be a limiting factor for high yield dairy cows at grazing even on HN sward. Supplementation with extra bypass nitrogen sources could act directly through an extra amino acid supply to mammary gland, but also.could improve feed intake and microbial N synthesis on BN sward. However, it should be emphasized that, despite an increase in milk protein output, conversion of the extra amount of protein remained low (5%). Consequently, protein supplementation largely increased urinary N output.