Inachevé et posthume, ce recueil en prose paru en 1869 est l'emblème de la modernité. La nouveauté de sa forme surprend par ses ruptures, du poème au conte, du discours à la fiction. Entre lyrisme et cynisme, sarcasme et mélancolie, il dessine la figure de l'artiste en promeneur solitaire de la métropole industrielle, baignant dans un univers hostile à l'idéal. C'est dans le renversement de cet exil que la littérature puise sa force de résistance. S'invente une poétique où le prosaïque, la rêverie et l'ironie font pièce à la misère, la médiocrité ou la folie, dans le heurt d'images urbaines traversées par l'angoisse du Mal. Esquisses, scènes fugitives, ekphraseis contemporaines, promeuvent la poésie insolente d'un bizarre crépusculaire, au miroir d'un spleen dont l'intensité déchirante fait signe jusqu'à nous.
CITATION STYLE
Merello, I. (2015). Corinne Bayle, Nocturne de l’âme moderne, “Le Spleen de Paris” de Charles Baudelaire. Studi Francesi, (176 (LIX | II)), 395. https://doi.org/10.4000/studifrancesi.904
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